Cela faisait bien 5 ans qu'il n'avait pas profité d'une telle grasse matinée. En fait depuis son embauche en tant que courtier en bourse à la Société Générale...
Son réveil indiquait 14h04. Il était seul dans son lit mais il pouvait entendre l'eau couler dans la salle de bains. Il s'étira. Son corps était courbatu après la « nuit mémorable » qu'il venait de passer.
Hier soir (enfin plutôt tôt ce matin...), il avait raccompagné Steve qui était encore une fois pire que pire. Bien qu'étant son meilleur ami depuis plus de 10 ans, le penchant excessif de Steve pour l'alcool commençait sérieusement à l'agacer.
Malgré tout, cette fois-ci, la corvée de taxi s’était transformée en aubaine. En effet, après avoir bordé son ami, Paul avait regagné sa voiture. Un bel éphèbe prénommé Sergueï, ce qu’il apprît bien plus tard dans la nuit, s’était alors planté devant lui. Après quelques banalités d’usage, Paul avait invité le charmant inconnu à venir boire un verre chez lui. Il se remémorait avec délectation le reste de la nuit lorsque Sergueï sortit de la salle de bains.
« Béni soit cet alcoolo de Steve », murmura Paul en admirant le corps nu du jeune russe. Il se leva d’un bond et alla allumer sa machine Nespresso posée sur le bar.
« Tu voudrais bien me préparer un Ristretto pendant que je me douche ? »
« Da, bien sûr... » répondit Sergueï.
Paul pénétra dans la salle de bains, entra dans la douche, ouvrit le robinet d’eau froide et se plaça sous le jet puissant. Il se savonna énergiquement avec son gel douche mentholé, puis se rinça tout aussi énergiquement. Après s’être séché et habillé, il se rasa consciencieusement et considéra qu’il était enfin prêt à affronter une nouvelle journée.
De retour dans la chambre, Sergueï avait disparu. Il pivota rapidement sur lui-même pour examiner tous les recoins de son petit 2 pièces. Plus de Sergueï...
Une légère déception lui noua la gorge, déception plus sexuelle que sentimentale, s’avoua-t-il immédiatement. Il avait d’ailleurs maintenant l’habitude de ce genre de relations qui ne duraient jamais plus d’une nuit. Il fut malgré tout content de trouver un petit mot sur le bar à côté de son Ristretto fraîchement préparé : « Désolé, mais je dois partir...».
Tout en buvant son café, Paul alluma son téléphone portable et consulta sa messagerie vocale. Mlle Orange lui annonça alors de sa douce voix : « Vous avez un nouveau message. Reçu aujourd’hui à 11h48 » et ce fut Steve qui prit alors la parole. Il paraissait effrayé et parlait extrêmement vite. En substance, il lui demandait de le retrouver à 15 heures à l’endroit où ils avaient l’habitude de sécher les cours de philo.
Malgré l’inquiétude évidente de son ami, il ne put s’empêcher de sourire à l’évocation de leur ancien lieu de pèlerinage, le « Keller’s Club ». Que de bons moments avaient-ils passés là ! Cependant, ce que Steve ignorait, c’est que Paul continuait à fréquenter les salons privés de ce club, spécialement depuis qu’il avait changé de propriétaires voilà 3 ans maintenant et était devenu un des hauts lieux coquins (et même plus que ça...) de la nuit parisienne.
Un coup d’œil à sa montre l’extirpa de ses rêveries et l’encouragea à se préparer. Il ne lui restait qu’une vingtaine de minutes pour rejoindre Steve.
Il attrapa ses clés et son portefeuille. Il remarqua sans y prêter une grande attention que son portefeuille n’était pas rangé à sa place habituelle. Il mit cette incohérence sur le compte de son empressement à se déshabiller de la veille...
Il sortit de chez lui, claqua la porte et partit rejoindre son ami qui apparemment s’était fourré « dans une belle merde ».