Le moine qui venait d'entrer dans l'église d'Alésia referma la porte derrière lui. La tête recouverte de la capuche de sa soutane, il s'avança lentement vers Paul et Sue. Ce n'est que lorsqu'il arriva à quelques pas qu'ils le reconnurent...
Sue et Steve se regardèrent de longues secondes sans un mot. Malgré l'accoutrement pour le moins surprenant de ce dernier, la scène était chargée d'émotion. Une larme coula sur la joue de la femme, imitée quelques instants plus tard par une autre sur celle de son fils adoptif...
L'air hagard, Steve se tourna vers son ami. Les questions se bousculaient, il était complètement perdu :
"Qu'est ce que ma mère fait là ? Tu la vois encore ? Depuis quand ? Pourquoi tu l'as amenée ici ?"
Paul ne répondit pas. Il se contenta de baisser les yeux et de hausser les épaules comme un enfant pris en faute. Après un instant de réflexion, il déclara :
"Ecoutez, j'ai plein de choses à vous raconter... J'ai vraiment pas été honnête avec vous deux au cours de ces dernières années, on me faisait du chantage, je pouvais pas faire autrement... Mais maintenant j'en ai assez d'être manipulé par ses salauds de russkoffs. Je vais vous dire tout ce que je sais, c'est promis, mais pas ici : on n'est pas en sécurité dans cette église. Allons-nous en vite !"
Steve et Sue décelèrent l'urgence dans la voix de Paul. Ils décidèrent sans même en discuter de continuer à lui faire confiance malgré ce qu'il venait de raconter et de remettre à plus tard son interrogatoire. Ce fut Steve qui prit la parole le premier :
"Bon, pour pas qu'on se fasse remarquer, on ferait mieux de pas sortir en même temps et par la même porte. Je propose qu'on se retrouve dans 15 ou 20 minutes au premier étage du Zeyer. Comme ça, on aura une vue plongeante sur le parvis de l'église et on pourra décider au tout dernier moment, selon ce que tu vas nous dire, si on va ou pas au rendez-vous de 21 heures. J'ai trouvé la soutane que je porte derrière le choeur, j'ai vu qu'il y en avait d'autres. Je vais sortir par la porte arrière pendant que vous allez en mettre une. Paul, tu passeras par la porte principale, Maman par l'autre porte. N'allez pas directement au Zeyer, soyez le plus discret possible, baissez la tête et marchez lentement."
Sur ce, Steve tourna les talons et avança d'un pas décidé et sans se retourner vers l'entrée qu'il avait empruntée quelques instants plus tôt. Sans un regard l'un pour l'autre, Sue et Paul se dirigèrent vers le choeur et suivirent à la lettre le plan de Steve...
Alors qu'il progressait tranquillement vers la brasserie, le regard de Steve se porta sur une voiture arrêtée à un feu rouge. Le fait que ce soit une décapotable noire, de grande marque et très certainement hors de prix ne l'intéressait absolument pas : Steve se foutait complètement des voitures, sa Saxo hideuse en était la preuve... non, ce qui l'interloquait était dans la voiture... cette femme, installée à la place du mort, et qui en avait d'ailleurs l'allure, était la première personne qu'il avait vu ce matin. Il l'aurait juré ! Elle n'était donc pas morte. Comment était-ce possible ? 6 étages !!! Et que faisait-elle ici ? Qui était ce grand bel homme qui la conduisait ?
Le klaxon rageur d'un connard de parisien pestant contre les salauds de grévistes de la SNCF (*) l'extirpa violemment de ses pensées. Pris de panique et complètement dérouté, il accéléra le pas et atteignit hors d'haleine le Zeyer.
Paul et Sue arrivèrent comme prévu au point de rendez-vous quelques minutes plus tard. Après un passage aux toilettes pour se débarrasser de leur déguisement, ils s'installèrent aux côtés de Steve à une table du premier étage qui donnait sur la place d'Alésia. Il avait le teint blafard et semblait songeur.
Au même moment, un serveur se pointa :
"Voici votre côte de bœuf saignante, Monsieur... Excellent choix. Elle est très bonne ! Et pour vous, ce sera quoi ? ", demanda-t-il en s’adressant à Paul et Sue.
Ils se tournèrent vers Steve, surpris qu’il ait commandé à manger à cette heure-là.
"J'suis stressé et quand j'suis stressé, j'ai faim", lança-t-il pour se justifier.
"Dans ce cas, je vais prendre des merguez - frites", répondit Paul devant la moue dubitative du serveur.
"Non merci, rien pour moi", dit Sue.
Une fois la commande passée et le serveur reparti, l'habitué du Keller's Club commença à raconter son histoire :
"Tout a commencé il y a 4 ans déjà..."
(*) NDLR : la scène se déroule un dimanche ; c'est dire s'il est con !!!
6 commentaires:
Merguez - frites... Quel blaireau ce Paul...
Je crois que l'action se met en place !
Bien vu pour celui qui prend la suite!
De grandes explications se préparent...mais pourra-t-il les donner sans qu'il se produise quelquechose?...
Quant à la SNCF, ils commencent à me faire ch... ces c.......!
Ah ces grèves!!! Je comprends porquoi Steve est arrivé en retard... Il a pris le RER ou le metro!
Préviously dans H100N
Ca y est, notre ami Steve prend un peu les choses en mains. On voit que ses réflexes lui reviennent enfin pour de bon.
Et tout le monde se trouve aux alentours d'Alésia...
J'espère que la côte de boeuf est bonne vu le temps que Steve met à la grailler.
N'est ce pas Jozeph?
Je vais m'y mettre, promis... Je commence cette semaine et je poste la semaine prochaine...
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